par Grégoire de Hemptinne
("Greg the rock climber")



On voit de plus en plus de monde partir, passer ses vacances en camping ou en randonnée en montagne. Pourquoi ? L’homme a construit des villes pour son confort et pour lui permettre d’être efficace. Pourquoi partir ainsi, profiter d’un temps libre, pour aller se réfugier en pleine nature sur un sommet à mille milles de toute région habitée ? Pourquoi partir en toute gratuité, se mettre dans des condition de vie difficiles, d’effort et d’inconfort. On pourrait très bien admirer de très belles photos de montagne, ou regarder une expédition en montagne à la télévision. Alors pourquoi donc s’enfuir dans la solitude et l’inconfort ? Est-ce le danger qui motive les gens ? Est-ce l’effort ? Ou encore est-ce la beauté ? L’être humain aurait-il besoin d’autre chose que ce confort que lui apporte la sédentarisation ?

L’alpinisme est un sport, et par conséquent, il demande un certain effort physique. Ce travail est fait dans le but de rencontrer ses limites, et de les dépasser. D’aller jusqu’au bout dans le but de meilleures performances physiques.

Le fait d’aller jusqu’au bout de ses capacités permet de se découvrir soi-même. Lorsqu’on dépasse ses limites, on se rencontre soi-même, on apprend à connaître sa propre résistance. La marche en montagne permet aussi la réflexion qu’on n’a, sans doute, pas pendant un sprint de 100 mètres.

L’effort physique est très présent en alpinisme et par conséquent est une des motivations importantes de l’alpinisme. Dans cette discipline on entraîne le corps et on lui fait confiance. De cette manière, on se distingue des machines. L’intelligence se distingue de l’artificiel par le corps seul.

Le danger, chaque alpinisme en est conscient. Etre conscient, ce n’est pas rechercher cette fracture, mais l’assumer, et l’accepter. L’absence de risque en montagne n’est qu’une illusion. Mais pas plus que dans la vie en général. Si je grimpe, c’est de mon plein gré. On tient compte du danger dans tous les risques que l’on prend. Mais comme on est conscient du risque que l’on prend, on en connaît les échappatoires.

Le danger en montagne est omniprésent. En effet, chaque année, la sécurité revient à la une de tous les quotidiens. La lutte contre l’insécurité (et donc la mort) relève de l’impossible. On ne peut combattre ce qui nous fonde. Mais l’alpinisme n’est pas, et ne sera jamais, une recherche du danger. L’alpinisme n’est pas un jeu entre la vie et la mort.

La vie est un risque, l’amour est un risque, le travail est un risque, … Bref, toute activité, si elle ne contient pas forcément du ‘dangereux’, contient un minimum de ‘hasardeux’. La montagne est un lieu idéal pour découvrir cet aspect. Par exemple, dans une cordée, l’impondérable et l’aléatoire ne sont en aucun cas négligeables. Il est par conséquent évident que l’on va en montagne pour la joie du sommet, et non pour vaincre le risque. Comme on irait faire la cour à une fille : c’est pour la joie de l’amour et non pour celle de la gifle.

Le besoin de quitter la civilisation, gratuitement, et de partir ainsi vivre à la ‘dure’. C’est parce que la civilisation est l’œuvre de l’homme, et de ses idées. Elle est donc le fruit de la rationalité, et de quelque chose d’abstrait. En ce sens, elle ne pourrait jamais combler l’homme. En effet, l’homme ne peut se complaire dans un monde qu’il maîtrise. La civilisation est un lieu de compétitivité et de stress. C’est un des aspects négatifs de notre société. L’homme a donc besoin de retrouver le contact avec la nature qui lui est donnée dans toute sa splendeur et qui le dépasse toujours. A travers ce contact émerveillé, l’homme fait grandir en lui des sentiments de respect et d’humilité qui l’aide à développer des relations plus vrais et plus profondes avec ses semblables. « M’élever en montagne, c’est aussi, et surtout, m’élever intérieurement à des sentiments plus humains. »

L’amour de la montagne vient donc des ces trois concepts , qui sont la beauté, l’effort et le risque. Ces concepts sont liés entre eux : La beauté de la nature nous surpasse et nous rend humbles. L’effort nous permet de rencontrer nos limites, et de les dépasser. Le risque nous fait prendre conscience du danger tout en maîtrisant notre peur. Dans les trois cas, l’homme se dépasse et de ce fait c’est un enrichissement intérieur. Le cadre dans lequel vit l’homme n’est pas sans répercussion sur son comportement, sa manière d’agir et sur sa manière de penser : « M’élever en montagne, c’est aussi, m’élever intérieurement à des sentiments plus humains. » L’alpinisme n’est pas une question de vivre dangereusement, mais de vivre pleinement en parfaite harmonie avec la nature et les éléments.

Grégoire