Après la course de ce weekend, il fallu récupérer un peu et la journée de lundi fût consacrée à la récupération. J'en ai profité pour aller me baigner dans les bains thermals de Monétiers et de faire quelques courses tranquillement pour reposer mes jambes. Quel bonheur de faire une courte pause.

Mais la pause fût courte, l'après-midi nous étions déjà de nouveau le nez dans les topos. Mardi était ma dernière journée avec Guillaume et on voulait pouvoir en profiter à fond. Alors Guillaume me sort :

  • J'ai envie de faire un truc que j'ai encore jamais fait
  • Tu penses à quoi?
  • Ca te dis qu'on se fasse la Grand-Mère?
  • Hein? ? ?
  • Je parle de la voie d'escalade dans les Cerces
  • Ah ok !

Alors pour la petite histoire, la Grand-Mère en question elle s'appelle Suzy Peguy et dois avoir aujourd'hui dans les 80 ans. Elle a ouvert une quantité impressionnante de voies dans la vallée de Serre-Chevalier et cette voie est justement à son honneur nommé la Grand-mère qu'elle devait avoir été le jour de l'ouverture ou quelque chose du genre. Pour situer la voie, c'est juste au dessus de Monétiers-les-bains dans le Vallon de la Moulette. La voie fait 350m et a été ouverte en 1968 ... d'ailleurs la cotation de la voie date aussi de ce moment là : TD+ (très difficile +).

La voie faisant quand même 10 longueurs, et Benoit (le beau-frère de Guillaume) souhaitant nous accompagner, il n'est pas question de partir trop tard car nous allons prendre du temps dans la voie. Le levé est donc fixé à 6h30 pour un départ à 7h de la maison. Mais évidement, on ne s'imaginait pas que ça n'allait jamais marcher. En effet, ce n'est finalement que vers 7h45 que nous quittons la maison !

On quitte la maison pour aller en voiture jusqu'à un col depuis lequel on a encore 1h30 de marche jusqu'au pied de notre voie. Arrivé au pied de la voie, il y a malheureusement une autre cordée qui souhaite partir dans la voie de la Grand Mère aussi. Nous la laissons donc passer devant nous étant donné qu'à 2 en réversibles ils iront sûrement plus vite que nous en flèche. C'est donc vers les environs de 11h que nous nous lançons à l'attaque de la Grand-Mère.

Les niveau s'enchaînent et c'est pas du petit niveau. On reste dans du V, V+, 6a/A0 ... et ça envoie du gros. Les points sont bien espacés et nos sacs sont lourds (chacun a un sac sur le dos) donc c'est pas spécialement facile. Et puis il est indispensable de garder de la force pour tenir sur la longueur... l'air de rien c'est pas tout de grimper 350mètres. Finalement, le premier passage en 6a/A0 passe bien, une sangle est placée à l'endroit difficile pour nous permettre de passer sans trop de problèmes. Ensuite vient un ensemble de longueurs en fissure où il faudra déployer toute notre maîtrise de technique pour passer sans trop forcer, en toute délicatesse, et sans trop tirer sur les bras. Mais rien à faire, avec un sac de 10kg sur le dos, c'est quand même vachement dur de grimper "tout en souplesse" les passages qui passent en dufler !!!

C'est donc petit à petit que la fatigue se fait sentir. Au relais en dessous du deuxième crux de la voie (6a/A0) nous mangeons notre pique nique sur la miniterrasse en faisant gaffe de pas faire tomber le saucisson 150mètres plus bas !! Ca serait dommage. Pendant ce temps une cordée grimpe dans les gros surplombs à notre droite. Le mec passe en libre le toit dans du 7b+ en tête !! Vraiment impressionnant. Puis vient son assureur qui monte en jumar sur la corde. Il nous avoue qu'en fait il ne passe que du 6c et que là il en chie un peu quand même ... tu m'étonnes !!

Deuxième crux avec la partie en 6a qu'il faut attaquer. Le passage est en fissure. Mais la fissure est très évasée et quasi inutilisable. Les pitons sont si proches qu'on peut effectivement tirer au clou. Je râle de pas avoir pu passer en libre ... mais que veux tu ... c'était déjà la 6ième longueur, et toujours avec ce sac sur le dos impossible de faire une perf. Déjà en tirant sur les clous c'est dur. Et dire que Mamy Suzy a ouvert ça il y a 40 ans avec les moyens du bords : coins de bois, grosses bottines, vieux pitons ... chapeau!!

Arrivé en haut vers 18h, nous ne sommes pas encore arrivés au bout de nos peines. Le rocher est pourri et impossible de trouver par où ça sort pour rejoindre le chemin de descente. Finalement Guillaume enchaîne encore 2 longueurs sur les arrêtes du sommet pour seulement parvenir à un semblant de chemin qui va se confirmer plus loin comme étant le bon chemin. Ce n'était donc pas 10 longueurs, mais bien 12 longueurs. Nous mettons donc les pieds sur le chemin vers 19h30 pour enfin commencer à entamer notre descente.

Il fait noir à 20h30 et nous avons encore 1500m de dénivelé négatif à faire ... bon ! Ben on va courir :-p

En effet, c'est vers 21h que nous franchissons la porte de la maison. La journée fût longue et épuisante, et nous sommes heureux de nous réconforter autour d'un bon repas préparé par les parents de Guillaume. Merci à Guillaume et Benoit pour cette chouette journée ! On se sent vivre !